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Municipales Brésiliennes : la déroute du Parti des Travailleurs

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Les élections municipales au Brésil ont été les premières depuis la destitution de Dilma Roussef à la suite du scandale Petrobras. Elles ont illustré le profond rejet de la population envers sa classe politique et constitué une véritable déroute pour le parti de l’ex-présidente, le Parti des Travailleurs (PT).

Le nouveau maire de Rio de Janeiro, l'évangéliste Marcelo Crivella
Le nouveau maire de Rio de Janeiro, l’évangéliste Marcelo Crivella

Beaucoup d’observateurs prédisaient une défaite au Parti des Travailleurs de Dilma Roussef et Lula, après la destitution de la première et des diverses mises en examen du second. Ce qui a surpris lors de ces élections municipales brésiliennes dont le second tour s’est tenu le 30 octobre 2016, c’est l’ampleur de cette défaite : une véritable déroute. Pour la gauche au pouvoir depuis 2003, les années à venir risquent d’être extrêmement difficile, faute d’alternative crédible pour remplacer ce parti moribond. En effet, le Parti des Travailleurs a perdu deux tiers des mairies remportée en 2012 (260 contre 630), réduisant l’ancrage territorial qui faisait sa force. De fait, l’élection s’était jouée en grande partie le 2 octobre, la majorité des municipalités ayant été attribuées dès le premier tour. À São Paulo par exemple, capitale économique du Brésil, Joao Doria du Parti de la Social-Démocratie Brésilienne (PSDB / Centre-Gauche) a été élu avec 53% des voix contre l’une des figures montantes du PT, Fernando Haddad. De fait, une seule capitale de province a été remportée par le Parti des Travailleurs : Rio Branco. Après la défaite de la coalition de Michelle Bachelet aux municipales chiliennes, ces élections confirment l’année 2016 comme celle du recul des gauches sur l’ensemble du continent sud-américain, alors qu’elles y étaient auparavant en position quasi-hégémonique.

Le scrutin a donné lieu à un recentrage de la vie politique brésilienne, dans la mesure où la droite – atomisée entre plusieurs partis – n’a pu combler le vide laissé par le PT au niveau national. Ce sont les deux grandes formations alliées du centre, le PSDB et le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB / Centre-Droit) qui sortent vainqueurs des urnes. Michel Temer, président par intérim, se retrouve renforcé par le scrutin dans la mesure où son parti, le PMDB a remporté le plus grand nombre de municipalités. Toutefois, c’est le Parti Social-Démocrate qui effectue la plus grande progression, grâce à un déplacement d’anciens électeurs du Parti des Travailleurs.

Poids du scandale Petrobras et recentrage de l’échiquier politique

Dans l’état actuel des choses, l’élection présidentielle de 2018 devrait se décider entre les leaders de ces deux formations politiques : la droite ne parvient pour le moment pas à s’unir autour d’un projet commun, tandis que l’ensemble de la gauche brésilienne pâtit sévèrement du discrédit jeté sur le PT. Ces difficultés s’illustrent par les faibles scores du Parti Socialiste (PSB), du Parti Populaire Socialiste (PPS) ou du Parti Socialisme et Liberté (PSOL). Ce dernier a pourtant réussi à immiscer un candidat au second tour de l’élection municipale dans la capitale culturelle du pays, Rio de Janeiro. Toutefois c’est un candidat de droite, Marcelo Crivella qui a été élu maire de la ville carioca. Il s’agit d’un conservateur évangéliste, dont l’ascension traduit la montée en puissance de cette religion depuis quelques années au Brésil.

La grande mobilité électorale par rapport aux élections précédentes est sans doute le résultat de la crise institutionnelle et économique que traverse le pays depuis plusieurs années. Le président Temer est lui-même visé par une enquête liée au scandale Petrobras et demeure très impopulaire avec une politique d’austérité dont l’une des mesures-phare est le gel des dépenses publiques pour les prochaines années. C’est un climat d’extrême-défiance vis-à-vis du personnel politique qui sévit actuellement au Brésil, comme l’illustre l’abstention à 17,5% alors que le vote y est obligatoire sous peine d’amende. De plus, à Rio, il y a eu davantage de votes blancs ou nuls et d’abstentionnistes que de votes pour Marcelo Crivella. D’ailleurs, les anciens présidents Lula et Dilma Roussef ne se sont pas déplacés pour voter. La présidentielle de 2018 devrait permettre de réordonner le paysage politique brésilien, comme l’illustre la recomposition amorcée lors de ces élections municipales.

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Lucas MAUBERT

Doctorant en Histoire à l'Université de Tarapacá (Chili). Diplômé de l'IEP de Rennes et de l'Université Rennes 2. Rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis 2016.

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